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En "Résonance"
Biennale de Lyon
Jean-Christophe De Clercq
"Conversations"
Vernissage le 26/10/24
 

Récits autorisés Alain-Christian Barret
Récits autorisés / Alain Christian Barret

Du 09.03_07.04.24

Vernissage le 8 mars  à partir de 18h

Au fil des “récits autorisés” d’Alain-Christian Barret


Texte : Anna REMUZON

“Seules les pensées que l'on a en marchant valent quelque chose”.
Friedrich Nietzsche


Tourner en rond, perdre ses repères et aller de l’avant… jusqu’au bout du chemin… qui n’en n’a pas… jusqu’à l’étourdissement d’une valse et d’un cercle sans fin. Cette promenade artistique et philosophique est celle à laquelle nous invite Alain-Christian Barret pour son exposition intitulée “Récits autorisés”... du 9 mars au 7 avril 2024.

1- Description… quel lien y a-t-il entre le paysage et la page ? Une idée de mouvement, de changement et de temps qui passe… recto/verso. Le paysage est un livre ouvert et le parcourir c’est un peu le lire mais aussi l’écrire, d’une ligne… qui le forme et le déforme. On y laisse notre empreinte… on y vient et y revient… on y passe et y repasse inlassablement suivant, comme dans la vie, des trajectoires plus ou moins aléatoires. On imprime et on efface nos propres traces. De Chaumont au Monastier-sur-Gazeille… c’est dans ses pas que l’artiste nous entraîne… dans cette recherche de dialogue entre l’esprit et la marche circulaire, effectuée depuis l’enfance, autour du lac du Bouchet… comme un rituel et un mouvement perpétuel… un éternel retour.

Sous forme de posters sérigraphiés en grand format ou de cartes (environ 300 variations), on se retrouve au lac… au bord de ses eaux noires… empreintes de mystères, de légendes et de volcanisme… un lac rond comme une pupille qui attire le regard… un cratère ou un trou noir. Il en devient cosmique et hypnotique… captivant. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise direction. Comme une onde, la marche suit le chemin ou s’égare un peu plus loin. De nouvelles lignes et coordonnées se créent comme de nouvelles strates… une topographie graphique originale… une histoire et une généalogie du lieu. Ces couches se retrouvent dans la technique de la sérigraphie, à travers les courbes et les nuances de noir (mat, brillant, pailleté…). A la manière de la lune qui provoque la marée des océans, le promeneur étire le lac par son itinérance… jusqu’aux berges, jusqu’à lui… une nouvelle altitude… comme entre l'œuvre d’art et le spectateur qui regarde dans le miroir de l’eau. D’une certaine manière, sans être figuratif, le tracé de la marche autour du lac a quelque chose d’un portrait ou d’un autoportrait puisqu’il raconte un moment intime et une histoire personnelle… la beauté de l’instant… un point dans l’espace et dans le temps… fixe et mouvant.  

Au centre, la scénographie donne une nouvelle dimension à ces cartes sérigraphiées et au lac lui-même. Elle les anime et invite à une nouvelle interaction avec le spectateur. Il ne s’agit plus d’un face-à-face mais d’une danse. Il faut tourner autour de ce support en bois, comme une étoile facetée et fragmentée… Il faut s’y étourdir comme dans un manège ou un praxinoscope. On y retrouve un rayonnement et le dénivelé intérieur du lac… son épaisseur et sa profondeur… comme un livre à ciel ouvert. Il faut y plonger et prendre part au paysage… à la constellation. On y remarque des similarités et des disparités… celles du lac qui se met en mouvement à la manière d’une chronophotographie… ou d’une chorégraphie entre l’être et le reflet. A travers le spectateur, la circularité du lac rencontre la linéarité du temps et chaque expérience devient unique.

2- Fiction… des eaux noires du lac, il faut ensuite remonter à la surface… au premier étage, pour voir s’ouvrir un horizon coloré... un ensemble d'œuvres sur papier réalisées à la fin de l’année 2022 et au cours de l’année 2023. Elles traduisent la sérénité du travail d’atelier dans ce nouveau lieu de création et ce nouvel environnement. Ici, ce sont des paysages abstraits et des points de vue qui s’ouvrent… lumineux (jaune, rose, vert, bleu…). Encadrés ou non, jouant sur le rythme aéré, le dialogue ou l’accumulation, les œuvres ont une dimension individuelle et collective. Les lignes vertes les relient comme un trait d’union… comme un chemin… et définissent une autre forme d’itinérance du spectateur. Comme au fil d’une lecture, il ne peut pas s’égarer et il revient à la ligne pour saisir son environnement par le regard… clignement des yeux et champ visuel. Il y a ce que l’on voit, ce que l’on retient et l’au-delà… entre les lignes… ce qui n’est pas représenté et ce qui est blanc autour. Ce qui reste… sur les murs comme dans l’esprit… c’est le mémorable… cet éboulis de  souvenirs imprimés comme des mots derrière nos paupières au retour d’une promenade. Ces œuvres, comme des prises de vue photographiques, capturent l’essentiel… dans un mélange d’acrylique, de pochoirs et de bombes aérosol. Dans l’ordre s’invite parfois un peu de chaos, lorsque des formes, des images se superposent et viennent surprendre et réintroduire une forme d’aléas de la nature… comme un détail… un gros plan en surimpression. Il y a une part d’inattendu, une collision accidentelle, qui rend le tout vivant.

Au sol, se trouve enfin une machine… une mécanique… un sillage ou un effondrement du lac. Il devient une ligne brisée, aux allures de vestige volontaire ou involontaire… d’archéologie contemporaine. L’accumulation prend du volume et la ligne traverse la forme comme un seul corps… uni et fracassé… solide et liquide. On retrouve des strates et une sédimentation du lac… comme autant de jours, de saisons et d’humeurs… un carottage comme un échantillon d’histoire et d’existence à un moment donné… celui de la marche. La forme, ses courbes aléatoires, arborent différentes couleurs, tranches, textures ou épaisseurs (bois, formica…)… réutilisant les matériaux comme un chemin où d’autres sont déjà passés avant nous… la découpe et la brûlure du temps. Recycler, revivre, réinventer notre position et tracer son chemin comme un bout du monde et une frontière sensible entre l’ici et l’au-delà… une ligne droite ou un détour entre nous et nous-mêmes.

APONIA
67, rue Saint Pierre
43150 Le Monastier sur Gazeille

06 20 49 36 90

Contact : aponia@wanadoo.fr
www.aponia.fr
 

Vendredi, samedi et dimanche de 15h à 18h (en Période d'exposition)
Sur RDV pour les groupes scolaires également les autres jours

L'église Saint Jean et le 67, rue Saint Pierre sont accessibles
aux personnes à mobilité réduite

Entrée libre et gratuite