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L'Entre-Songe (Regard sur une collection)
L'Entre-Songe

Du 09.09_31.12.23

Vernissage le 8 septembre à partir de 18h

La collection Frison-barret #1

La force de la collection Frison-barret est le reflet d’une « intimité de l’art » ayant une ordonnance personnelle et un engagement affirmé. Elle ne réside pas en un exposé chronologique d’oeuvres, comme on en trouve dans certains lieux, mais dans une volonté d’assumer ses manques reconnus, les « vides » imposés obligeant à réinventer des rapprochements et même, pourrions-nous dire, de se construire avec eux.

Au contraire, ici, c’est la construction de la collection elle-même qui est visible, loin d’un simple énoncé linéaire, cet accrochage pourra donc permettre de constater que non seulement la collection n‘est pas faite uniquement de ruptures, mais aussi d’une certaine forme d’arborescences rhizomiques. De plus la présence de Florence Reymond, Lionel Sabatté, Philippe Favier et bien d’autres ne s’explique pas tant parce qu’ils occupent une place d’éclat dans l’art contemporain mais bien plutôt parce que leurs œuvres furent présentées dans nos anciens murs lors de grandes expositions personnelles, faisant suite à de véritables rencontres émotionnelles et intellectuelles.

Fenêtre ouverte sur l‘art contemporain, cet accrochage pourra donc permettre au visiteur de saisir ce qui peut unir, ou au contraire opposer, une abstraction à une toile figurative, une performance à une installation vidéo. Fenêtres encore qui mettront en avant avec mesure et discrétion des relations formelles et historiques, des artistes peu vus et pour certains délaissés. C’est en ce sens que cet accrochage est une réussite didactique : il montre une histoire de la création en dialogue. Mieux : en tension

Alain-Christian Barret, Juin 2023

Artistes présentés : Elsa Cha / Cristine Guinamand (Dépôt) / Sophie Gaucher / Emmanuel Rivière / Stephanie Vialles / Jean-Christophe de Clercq / Anne Brenner / José de Guimaraes / Florence Reymond / Lionel Sabatté / John Kenn Mortensen / Patrick Barthélémy / Elisabeth Voirin /

L'Entre-songe

Comment représenter l’indicible, le cauchemardesque dans l’art ? L’œuvre onirique est-elle la voie privilégiée de l’inconscient ?

Pour sa nouvelle exposition, Aponia présente une sélection d’oeuvres de la collection Frison-Barret pour illustrer cette thématique féconde et insaisissable qui nous inquiète et fascine à la fois.

C’est un vagabondage de l’esprit sur les chemins de l’imaginaire où sa représentation picturale nous confronte à notre rapport du visible et de l’invisible, de l’idée d’un double, où le Moi est « remplacé » par un autre Moi.

Ces oeuvres n’appartiennent à aucun genre authentique : elles signalent la marginalité culturelle de « visions naturelles »inscrites dans notre culture savante des Lumières, lorsqu’elles utilisent les mécanismes du rêve pour mesurer ce qui, dans les idées de l’homme est réputé acquis.

Elles nous invitent à explorer, par des sujets souvent inattendus, la tentation, le désir ou la crainte de se perdre dans un ailleurs inconnu qui anime « poïétiquement » certaines œuvres présentées ici.

Les premiers romantiques allemands désignaient le rêve comme la « Zweite Welt », le deuxième monde. Un état dans lequel l’artiste peut complètement se laisser aller, un échappatoire pour percevoir les facettes d’un autre univers, mais il est aussi la révélation de ce qu’il y a de plus profond dans l’âme.

Michel Foucault présuppose que le rêve est le point de départ de l’imaginaire. En effet, tout au long de l’histoire, d’innombrables artistes se sont inspirés pour leur art, de l’onirisme comme révélation dramatique du « destin intérieur ». A la Renaissance, les rêves étaient représentés dans l’art strictement comme une expérience religieuse dans laquelle les gens avaient des visions oniriques et rencontraient des êtres supérieurs.

Si les symbolistes du XIX siècle,ont choisi,d’exprimer,des états psychologiques et spirituels subjectifs à travers les rêves, les romantiques, pour leur part, ont exprimé des sentiments à la limite du mystique,souvent à travers visions et songeries. Les surréalistes, à leur tour, ont utilisé des images et des histoires qui leur sont venues dans les rêves pour élaborer des œuvres d’art primitives et singulières reflétant leurs états subconscients, comme une fenêtre sur leur Moi le plus profond.

Aux limites matérielles ou temporelles s’en ajoutent autant d’autres qui se placent au niveau des états de conscience, comme tous ces états intermédiaires entre le sommeil et la veille, très fréquents dans les œuvres présentées et sur lesquelles les artistes s’attardent souvent, incapables de franchir tout de suite les obstacles qui les immobilisent : le passage d’un état, d’un univers à l’autre… un Entre-songe.

Portées à l’introversion et souvent solitaires dans un espace devenu le centre, les images semblent hésiter entre un « ici » rassurant et protecteur et un au-delà » fascinant, mais inquiétant, parce qu’inconnu. Entres ces deux univers contraires, surgissent des seuils, des frontières qui représentent pour les artistes autant d’attirances et de tentations, qui font survenir dans leurs esprits, un besoin urgent de les franchir. Ces seuils jouent un rôle capital pour l’imagination artistique car ils sont les éléments déclencheurs qui permettent la lisibilité de l’oeuvre.

L’entre-songe met en péril le seuil domestique, transformant l’espace clos en un espace entr’ouvert sur le monde, le cadre, à la fois proche et distant, où le désir attend l’épiphanie de son objet. C’est un espace de fracture qui sépare, comme nous le dit Bachelard « la région du même et la région de l’autre », la familier et l’étranger, l’en deçà et l’au-delà. C’est un élément liminaire « un œil ouvert sur la nuit ».

C’est en effet cette petite lueur qui brille à la fenêtre des œuvres qui engendre chez le spectateur toute une série de perceptions qui aboutissent à des expériences hallucinatoires, à travers lesquelles ce dernier arrive à associer son existence à celle de l’artiste, où l’être franchit le seuil de son propre corps, l’exposant ainsi au risque d’être possédé par l’autre. Pour cette exposition, ce qui était sympathique se transforme en inquiétant, troublant…

Alain-Christian Barret – Septembre 2023

APONIA
67, rue Saint Pierre
43150 Le Monastier sur Gazeille

06 20 49 36 90

Contact : aponia@wanadoo.fr
www.aponia.fr
 

Vendredi, samedi et dimanche de 15h à 18h (en Période d'exposition)
Sur RDV pour les groupes scolaires également les autres jours

L'église Saint Jean et le 67, rue Saint Pierre sont accessibles
aux personnes à mobilité réduite

Entrée libre et gratuite