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Pierre Weiss (Commissaire Laurent Quénéhen)
Pierre Weiss
Interprétation

Pierre Weiss
Interprétation

Il n’y a rien de plus dangereux que de faire le guide à travers ses propres œuvres. L’art est toujours quelque chose de plus, et c’est précisément là où il échappe à l’interprétation qu’il est le plus lui-même. Mais parlons-en quand même.

Architecture
Sa peinture met en place des espaces, beaucoup plus que des rapports de couleur. On s'étonne qu'il soit devenu peintre et non architecte.
Dans ses tableaux anciens (années 1970), des corps transparents de maigreur sont confrontés à des architectures qui au contraire ont beaucoup de présence. Elles étaient écrasantes, alors. Les architectures, les formes, les idéologies. L’humain était face à la forme qu’il avait créée et dont il avait par conséquent la maîtrise.

Objets
Les Pater Noster sont des tableaux en bois. Ils représentent un objet tournant en boucle et dont le modèle est un système d’ascenseurs du même nom très répandu en Europe de l’Est. Il s’agit d’un ascenseur continu devenu rare. On en trouve un à la bibliothèque de l’université de Vienne en Autriche. Les Pater Noster II Zustand, réalisés un peu plus tard, parlent plutôt de l’essence de ces objets et des conditions de celui qui y pénètre. Il n’y a plus de corps et d’objet en représentation. S’il y a objet, celui-ci est là, sur place. Directement. Ce sont des sortes de boîtes accrochées au mur, sur lesquelles est tendu un nylon. Ces boîtes ont à peu près les dimensions du corps de l’artiste qui les conçoit et les réalise.
 
Lignes
Il y a des lignes dans la plupart des travaux de Pierre Weiss, ce sont des traces.
Les lignes tracées correspondent à une amplitude normale du bras. Elles sont tracées à la règle. Mais elles débordent librement. Comme si elles tombaient, comme si elles devenaient molles tout à coup. Un geste nerveux s’ajoute au geste rectiligne qui pourrait être celui de l’architecte. Le geste est rapide, il fait violence à la ligne. Et puis l’angle de la règle laisse aller le membre vers le bas.

Dialectique
Le rapport qu'il a avec les gens est inclus dans son travail. Il n'isole jamais une exposition de tout le reste. Car, le seul endroit où il peut se tenir c’est l’espace du « être artiste ». Toutes les relations sont parties intégrantes de l’œuvre.
Il cite parfois Mondrian. Parce que sa vie est exemplaire d’une vie qui a l’air de ressembler au travail.

Distance
Pendant des années, il a utilisé des vernis. Cette quête du reflet a commencé lorsqu'il a posé des pièces au sol face à des pièces murales, laquées, vernis et revernies. Qu'y-a-t-il dans le reflet? Il y a soi regardant l'autre et s'y voyant.
Il a également recouvert de vernis les sculptures alors que l’acier n’en a pas besoin. Il va de toute façon continuer à rouiller sous le vernis. Le vernis servant à protéger le tableau est aussi ce qui finit par les rendre invisibles. Les œuvres vernies deviennent toutes noires, à la longue. Mais Pierre Weiss ne s'intéresse pas à l'évolution éventuelle de l'œuvre.
Dorénavant, il n’utilise plus de vernis. Mais du plastique. Ses dessins réalisés entre 2004 et 2009 sont sous plastique. Le plastique est une matière de l’immédiat, pas de la durée. Le plastique, quand il se dégrade, perd ses qualités, perd son utilité mais il ne disparaît pas. Le plastique a remplacé le vernis. Ces deux matériaux ont pour effet de repousser l'émotion.

Religion
Il y a en permanence une circulation entre l’œuvre et l’extérieur de l’œuvre. Certains projets in situ lui ont donné l’occasion de symboliser cela, notamment du Semperdepot à Vienne en Autriche. Ou encore aux Salaisons, à Romainville en France. Ce va-et-vient, ce passage d’un espace à l’autre, a certainement à voir avec l’éducation religieuse juive à laquelle le jeune Pierre Weiss a été soumis ; l’explication des textes, la multitude de commentaires pour une seule phrase, l’étude inépuisable. On en revient toujours au même texte.
Le principe de l’horizontalité et de la verticalité est permanent chez Pierre Weiss. De même que la question de savoir si l’on reste debout ou pas.  Enfant, ce qui l’a frappé c’est qu’on  inculquait aux juifs qu'il était interdit de se prosterner. S’agenouiller était un péché suprême. Rester droit, tenir sur ses jambes, sinon se coucher sur le sol. Mais ce sol, dit-il, je ne l'ai pas.

Gaëlle Obiégly

 

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Vendredi, samedi et dimanche de 15h à 18h (en Période d'exposition)
Sur RDV pour les groupes scolaires également les autres jours

L'église Saint Jean et le 67, rue Saint Pierre sont accessibles
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Entrée libre et gratuite