Pierre Guy est sculpteur, parce que ses oeuvres sont en relief, qu’elles entretiennent avec la ronde-bosse et le volume en général une proximité manifeste.
Pierre Guy est un peintre. Il façonne des images en deux dimensions, inspirées de thèmes le plus souvent urbains, combinaisons savantes de formes et de couleurs ”en un certain ordre assemblées et qu’on peut
suspendre au mur, comme des tableaux…”
Pierre Guy est un créateur multimédia : il programme des images virtuelles où le logiciel “s’occupe de
tout”… Il y a cette sorte de vidéo, en réalité une pure construction informatique, dont il est le metteur en
scène et le producteur et qui montre une voiture brûlant à l’infini.
L’artiste Pierre Guy est un installateur et un performeur. Une composition encore en cours d’élaboration, lors d’une rencontre dans son atelier du nord de Paris, consiste en une construction à la fois architecturale, visuelle et sonore. Inspiré simultanément par le stroboscope (appareil permettant d’observer au ralenti ou dans l’immobilité des objets qui sont en réalité animés d’un mouvement périodique très rapide), et par les deux thèmes de la ville centrale et de sa banlieue, le dispositif présente l’image d’un site urbain inscrit dans un double mouvement circulaire, à la fois figé et rapide. On peine à voir séparément ou successivement les deux états. Les représentations frôlent paradoxalement l’inconsistance : les immeubles sont en partie informes, les zones urbaines émargent entre des vides improbables ; seuls les sons et le mouvement rotatif lumino-cynétique qu’on sait avoir inspiré Méliès parviennent à restituer par bribes le film d’une histoire. Comme on le sait, Méliès, passionné d’apparitions et de fantasmagories, entretenait plus d’affinités avec les pouvoirs des prestidigitateurs qu’avec le cinéma en tant que tel.
Représentés comme une tension entre forme et contre-forme, la ville, le quartier, la rue que Pierre Guy agrège dans ses dispositifs fonctionnent comme d’évanescents microcosmes.
Pierre Guy est un metteur en scène. Il agence ses oeuvres comme des spectacles. Il nous demande d’être des acteurs, de songer aux habitants de ses théâtres. Pierre Guy est un dessinateur engagé. Ses oeuvres, qu’elles soient en deux trois ou quatre dimensions et en une ou plusieurs cases, fonctionnent comme des synthèses d’actualités.
Quelle sorte de charade permettrait-elle de cerner absolument le portrait de cet apparent touche à tout, à la fois plasticien et technicien, historien et poète des formes stabilisées, producteur d’aperçus « créés par les miroitements apnéïques » de l’image figurative ?
La créativité de Pierre Guy est, comme on le comprend, quelque peu énigmatique, elle avance en même temps à partir d’une culture arbitraire et à partir d’une approche émotionnelle de l’image. Elle s'appuie sur des savoirs arbitraires et une mémoire sélective : Pierre Guy croit manifestement en la science, que ce soit celle des ordinateurs ou celle des sciences de l’art : définition de la beauté, ontologie de la représentation, questions pratiques… Elle active en plus une approche émotionnelle de l’expression visuelle : sa confiance en l’art et sa sensibilité lui feraient-elles oublier la nature ou le sens du “bricolage” ?.
L’hétérogénéité esthétique de la production de Pierre Guy trouve dans son goût de l’étrangeté un début d’explication...Pierre Guy agit autant en plasticien engagé socialement, qu’en esthète féru d’histoire des arts, en accord avec les possibilités technologiques de notre époque. Arguant qu’on peut s’inscrire librement et surtout simultanément dans tous les mouvements iconophiles contemporains, il se réserve donc le droit de concevoir n’importe quelle vision, quels que soient son objet, son aspect ou son origine.
Tout devient question de rythme, et au demeurant de vie : rythme harmonieux ou disharmonieux, décalé… Il y a peut-être plus encore. La pratique de Pierre Guy a les dimensions d’une méditation sur l’incarnat. Sa sensibilité pour les “miroitements apneïques de l’image” induit que le représentable et son reflet : l’interprétation, le concernent plus que l’image même. Comme on l’a exposé, pour disparate qu’il paraisse, ses engagements présument clairement une plasticité ouverte, capable de convertir les solutions entre elles, au bénéfice de la variété des pratiques. Ses productions pourraient-elles se comprendre avant tout comme des visions intermédiaires? Perçu comme créateur sensible aux sites et comme artiste apte à s’investir dans oeuvres impliquées, Pierre Guy nous guide vers une probable justification éthique de sa production artistique.
Je repense à notre rencontre dans l’atelier, je le revois passant d’une création sculpturale à un écran. Je l’entends à nouveau expliquer encore le sens de l’une par la forme d’une autre, l’origine d’un sujet par la prégnance sensible d’un autre. Pendant notre entretien, l’atelier sommaire et faiblement éclairé que l’artiste éteignait par intermittences pour le transformer en salle obscure rendait ses oeuvres et ses gestes identiques à ceux d’un allumeur de feux".
Alain Bouaziz, 2008
APONIA
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Vendredi, samedi et dimanche de 15h à 18h (en Période d'exposition)
Sur RDV pour les groupes scolaires également les autres jours
L'église Saint Jean et le 67, rue Saint Pierre sont accessibles
aux personnes à mobilité réduite
Entrée libre et gratuite